Se former


Sommaire Méthodes


Questions et polémiques

Quelques éléments de base de ma méthode 

 

Je ne propose pas une réinterprétation de la méthode de quelqu'un d'autre, mais une approche personnelle du cheval, forgée sur 30 ans, à coup d'observations, d'intuitions et de vérifications.

Bien sûr, cette méthode s'est affinée et enrichie, au fil de mes lectures et des stages auxquels j'ai assisté, tant en équitation classique, que sportive, western,  comportementale, et plus récemment, en clicker-training... Il y a dans chaque pratique des points sur lesquels j'adhère, d'autres sur lesquels je bloque (de façon motivée ou intuitive selon les cas). Une confrontation permanente qui permet d'avancer, mais aussi de trier l'essentiel de l'accessoire, et de trouver les mots pour m'adresser à chacun selon sa formation.

Je m'appuie également sur une lecture assidue des études scientifiques (éthologiques ou vétérinaires), de plus en plus nombreuses, et sur de nombreux contacts avec les spécialistes de ces domaines, mais aussi des dentistes, des ostéos, des ingénieurs (tapis à capteurs de pression). L'approche scientifique m'a permis, mais souvent après coup, de comprendre "pourquoi ça marche", et plus récemment de mettre le doigt sur les problèmes physiques qui peuvent mettre en échec l'approche psychologique... J'en apprends tous les jours, c'est pourquoi je me donne autant de mal pour les rééditions de mes livres, que je m'efforce de garder à la pointe du progrès !

Le gros du travail, c'est d'expliquer en terme simples une logique qui paraît compliquée. Un lent travail de digestion

Présentation
Créer une relation
Adoucir ses aides
Motiver
Intérieur/extérieur: trouver l'équilibre...
Comprendre et respecter sa peur

L'équitation éthologique

Ma langue de bois :

Ex-prof de lettres, j'essaie de ne pas abuser d'un jargon spécifique, et de puiser dans la riche langue française, sauf lorsqu'une création me parait vraiment utile...

J'ai donc baptisé "méthode SAINT VAU" ma méthode d'approche des monstres,  créé le néologisme "ennasure" pour franciser "bitless" (2008), et l'acronyme "PAD" pour résumer les 3 piliers de ma conception du travail au sol (2010).

Les exercices et procédures que j'ai baptisés : contrats (de distance, d'allure, de trajectoire, d'immobilité, etc.), escalade des aides, marche d'approche, déplacements-miroirs (2008), navette (2010),  habituation contrôlée (2010), langage des pieds (2011)...

Les créations les plus récentes n'apparaissent donc pas encore dans tous mes livres, mais elles décrivent des exercices qui y figurent déjà sous une forme plus ou moins aboutie. Si la pédagogie évolue, le fond du propos est stable...

Mes expressions favorites  :  balancier libre, contrat, distances, rênes en guirlandes,  flairage, laisser regarder, féliciter, récompenses.

Différences avec les courants actuels d'équitation "éthologique" ou comportementale.

- La position en main : plus loin derrière, pendant tout le travail de base, et en extérieur. On peut revenir "au coude" ou au contact, pour le dressage à pied et la liberté, mais seulement quand le contrat de distances est solide (PAD acquis), que le cheval est physiquement très respectueux, qu'il ne couche plus jamais les oreilles, qu'il accepte de se séparer de ses congénères sans état d'âme ni perte d'attention...

- Usage large de la voix : codes basiques (claquement de langue et kiss) pour sous-titrer le langage des gestes lorsqu'il est adressé au cheval. Commentaires moraux ("oui", "non", "c'est bien", ou clicker) pour guider les apprentissages et motiver. Indications vocales de toutes sortes pour faciliter le dressage et la vie quotidienne, en allégeant les autres aides, et en donnant plus de responsabilités au cheval.

- Usage raisonné des récompenses, y compris les friandises. Le travail au clicker en est à mon avis la version la plus aboutie, et je me réjouis de son développement actuel.

et les récompenses

- La gestion de la peur :

- pas de "désensibilisations" mais des habituations contrôlées. L'idée n'est pas de provoquer la fuite pour montrer qu'elle ne sert à rien, mais de doser la nouvelle sensation (en commençant facile, en répétant et en augmentant) pour ne provoquer ni peur ni fuite.

- à pied, on commence par passer devant le cheval pour ouvrir la voie, au lieu de l'envoyer seul sur les difficultés.

- En selle, prendre le contact ou faire des cercles n'est qu'une (rare) option de dernière chance, quand les stratégies habituelles (laisser regarder, prendre son temps, marche d'approche) ont toutes échoué.

- Cohérence avec l'équitation classique : respect du physique du cheval (pas de cercles trop petits, de déplacements latéraux ou de pli excessifs, de chanfrein passant derrière la verticale), utilisation de la rêne extérieure pour les mouvements latéraux, attention portée à l'adéquation de la selle pour permettre au cheval d'utiliser son dos, et pas d'à-priori contre le mors si l'on commence par la visite d'un bon dentiste, qu'on enseigne la cession de mâchoire et qu'on sait utiliser ses mains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le cheval n'a pas demandé à faire d'équitation. Le premier devoir du cavalier, c'est donc d'essayer de lui faire apprécier ce boulot. Lui parler d'abord dans son propre langage  (gestes et distances) pour créer une relation, s'adresser à lui avec douceur (aides affinées, voix) lorsqu'on le fait travailler, le motiver (explications, renforcements, récompenses) pour qu'il ait envie de bien faire, et enfin connaître et respecter  ses instincts (peur, grégarité) ,  pour qu'il se sente bien...
Cette démarche n'est pas seulement dictée par l'amour du cheval ou la déontologie! Un partenaire ainsi traité est plus fiable et plus coopératif. Il apprend beaucoup plus vite, il s'applique, il fait de son mieux... et comme il est plus heureux que les autres, il tombe à coup sûr moins souvent malade. 

 

Créer une relation

 

 

Pour qu'il se sente à l'aise avec l'homme, le cheval a besoin de retrouver des repères connus. Si l'homme arrive à se comporter avec lui un peu à la manière d'un équidé, il gagnera sa confiance et pourra devenir digne d'affection : à la clé, plus de calme, d'attention et d'indépendance. 3 axes à suivre :
- Pratiquer le langage des gestes, que le cheval comprend naturellement.
- S'affirmer hiérarchiquement, en travaillant sur le respect des distances en main
- Etre digne de respect : ni coléreux, ni violent, ni mou, ni timoré (facile à dire, je sais !). Seul un cavalier sûr de lui et amical peut inspirer une confiance pleine et durable.

 

 

Adoucir ses aides

Vérifier les points physiques

Le cheval n'aime pas souffrir. On le comprend. Pour qu'il apprécie son travail, il faut donc s'efforcer de le rendre le moins désagréable possible. L'idée n'est pas d'arrêter la compétition, de demander une moindre performance ou de baisser son niveau d'exigence, mais simplement de rendre ses aides les plus douces possibles. Ainsi la communication s'effectue dans le confort : pas de contractions, pas d'endurcissement, pas de surenchère. Bases à retenir :
- Faire précéder chaque indication des aides d'une demande ultra-douce (ordre vocal, pesée d'assiette, ou petit geste), toujours semblable. Très vite, le cheval apprend à la reconnaître et se met à obéir sans attendre la suite. 
- Mais s'il n'a pas obéi à l'aide douce, il ne faut surtout pas la répéter. Dans la seconde qui suit, faire intervenir des aides plus contraignantes, qui donneront une confirmation claire et efficace de votre volonté. Ainsi l'aide ultra-douce marchera mieux... la prochaine fois ! 

...Voir les articles La politesse des aides, La voix

Mais le physique constitue un autre point essentiel, et j'ai énormément appris sur le sujet ces dernières années. Appris que la majorité des bêtises et des refus des chevaux étaient dus à  une selle inadaptée (70% des chevaux seraient mal sellés), ou à des problèmes  de dents, de dos, etc. Une prise de conscience qui m'a pris du temps (sur la selle en particulier), et qu'il est difficile de transmettre. Pourtant cette approche résout bien des problèmes de comportement... Le cheval est bien trop silencieux, il faut prendre l'habitude de chercher pour lui...

 

Motiver

Toute peine mérite salaire. Le cheval n'a pas demandé à travailler. Il a plutôt envie de brouter, de se reposer ou de passer son temps avec ses semblables. Pour lui faire aimer l'équitation, il faut qu'elle lui apporte des satisfactions. En fait, il n'est pas très exigeant : il suffit de quelques petites attentions bien ciblées pour lui apprendre à aimer son boulot en général, et le travail bien fait en particulier :
- relâcher les aides dès l'obéissance (quitte à les réactiver peu après). Pas de jambes ou de mains qui agissent en continu pour entretenir le mouvement...
- Accorder des mini-pauses à la fin des exercices réussis, très souvent, par exemple, toutes les 2 ou 3 minutes. Un temps d'arrêt ou de pas rênes longues, en félicitant, puis on repart...
- Mettre en place un vrai système de récompenses, en associant félicitations vocales, caresses, et sucre. Au début, quand le cheval réussit une tâche, on donne immédiatement les 3, dans cet ordre. A force, quand l'habitude sera prise, la caresse et les félicitations prendront une valeur à elles seules, et le sucre ne sera donné qu'une fois sur 2, puis sur 3, etc..

Sur le sujet, le travail au clicker constitue une nouvelle piste à suivre, plus cohérente et incroyablement efficace. J'ai assisté à l'automne  2009 au premier stage d'Alexandra Kurland en France, en compagnie de l'éthologue Hélène Roche, qui ne devrait pas tarder à diffuser cette méthode à un public français plus large.

Voir l'article Motiver son cheval et Savoir dire oui

 

Intérieur/extérieur: trouver l'équilibre...

 

On fait souvent une distinction artificielle entre les activités de manège, considérées comme un vrai travail, et la promenade, considérée comme une détente.
On a tort ! D'abord parce que le travail en manège devrait comporter ses moments de repos, harmonieusement répartis d'un bout à l'autre de la séance, pour assurer la relaxation physique et mentale du cheval : motivation et progrès sont à la clé...
Ensuite parce que l'extérieur est un lieu de danger, où le contrôle physique et surtout moral de sa monture est indispensable. Le cheval doit non seulement être entraîné à répondre à son cavalier, comme s'il travaillait en manège, mais aussi être formé à respecter, de lui-même, des règlements. Rester immobile, tenir sa droite, marcher au pas rênes longues... Ainsi, on l'intéresse à son travail, et on installe des garde-fous qui fonctionneront en cas d'urgence,  panique ou excitation...

Voir articles La balade, c’est du sérieux et Les contrats

 
Comprendre et respecter sa peur

 

 

Animal de proie, le cheval ne sait pas vraiment qu'il évolue dans un environnement civilisé. Le pauvre, il s'imagine que certains d'entre nous mangent encore de la viande de cheval, et il a tendance à se méfier de tout. Que faire pour l'aider à se rassurer ?

- Cesser de croire qu'il simule, cesser de le battre pour l'obliger à surmonter sa peur. Car on détruit ainsi la relation de confiance avec le cavalier. Rester calme, doux et assuré...

- En prévention, libérer son balancier pour lui permettre d'observer librement son environnement (rênes en guirlandes). Le contrôle de la vitesse et de la trajectoire doit alors s'effectuer par contrat (voir articles Vol d'encolure, et Les contrats).

- Chaque fois que c'est possible, procéder à une approche en douceur, en le laissant avancer à son rythme, et libre de baisser le nez pour flairer ce qui l'inquiète... Au fil de ces bonnes expériences, il acquerra confiance et sûreté (voir article La peur).

 
L'équitation éthologique Non, contrairement à une opinion répandue, je ne fais pas partie du courant "chuchoteurs" formé par Parelli ou ses élèves Andy Booth, Ken Faulkner, Sylvia Furer, ni du courant Lyons / Elisabeth de Corbigny... Lorsque ce mouvement a débarqué en France, j'avais déjà un solide bagage, grâce à la pratique de la randonnée, du Trec, des débourrages, du dressage, de l'attelage, de l'éducation des ânes, et à la fréquentation des épreuves de loisir... J'ai donc essayé de comprendre comment tout cela fonctionnait, et retenu de cette approche les exercices qui m'ont paru les plus intéressants (le shaping en particulier), et des outils utiles comme  le licol fin, la corde lourde... Certaines pratiques (la mise à distance, le travail gestuel, le travail  rênes longues) rejoignaient mes convictions, et je me suis réjouie que l'équitation dite "éthologique" contribue à leur diffusion  plus large. Je ne trouve pas choquant que les formations coûtent cher, à partir du moment où l'enseignement est de qualité. Mais je regrette vraiment certains manques (la voix, les friandises), et encore plus certaines pratiques extrêmes : désensibilisation par immersion ("flooding"), où l'on dépasse le seuil de tolérance du cheval, en passant par le stress et la fuite, "join-up" aux allures vives, excès de flexion. Pour moi, ce ne sont pas des pratiques respectueuses du cheval : je pense qu'elles conduisent à la résignation (comme le rollkur aussi appelé hyperflexion), et qu'elles font perdre au cheval sa dignité, son esprit d'initiative et son intelligence. J'espère vraiment que les scientifiques vont se pencher sur le sujet...  

 

Accueil